... je sentais des gouttes,

de rosée à mon front,

comme un vin de vigueur.

Où,

rimant au milieu des ombres fantastiques,

comme des lyres,

je tirais les élastiques de mes souliers blessés,

un pied si près de mon coeur !

 

                            Arthur Rimbaud

J'ai réalisé ce carnet lors de la crise sanitaire Covid-19. Il a été mon exhutoire à ne pas me noyer dans la folie humaine et mondiale. Quatre jours avant le premier confinement, je rentrais de Cuba. Ressentir l'embargo et la privation dans sa chair, le rideau de fer qui vous enferme chez vous comme une prison, qui vous prive aussi de respirer, tous ces visages humains masqués sans aucune expression... C'est pour un ou une artiste, l'aénantissement du voyage, de l'humain, des couleurs du monde. Ce carnet plaira ou non, peu importe, il est un vécu parmi tant d'autres...


Nous partons aller... viens...

Sur les bleus,

des ciels et des mers,

Je me suis redressée sur leurs lames

je leur ai rendu leurs vagues à mon âme,

pour que le bleu des nuits devienne indigo.

Mes syllabes resteront éphémères,

ma présence celle d'une couturière,

d'une brodeuse ou d'une bergère.

Ma beauté le vent l'a rendue imaginaire,

celle que beaucoup regardent comme un glossaire.

Sur mes cils,

parfois pleurent tous ces fils,

ma beauté ma terre d'exil.

Dans ma tête court cette plume,

tant de fois couchée sur les papiers,

sa pointe à glisser,

son encre à ruisseler,

son eau de pluie à laver mes passés.

 

Alors oui!

Toi, brasier rouge et flamboyant qui me consume,

petites morts de mes vies,

trébuchements de mon existence,

tu n'es qu'un grand soleil ailleurs.

Ondine sous ma peau,

infinie guerre d'amour,

à en brûler de passion,

j'essuie tes cendres sur mes paupières, celles des passés trop pleurés.

Je baise tes flammes,

de mes douleurs non hurlées,

des larmes taries,

des souffrances oubliées,

dans mes déserts traversés.

Je reste heureuse,

là,

dans la douceur éternelle des tisons aguerris.

 

Mon nom pourrait être Phoenix ou bien Guerrière,

je ne suis qu'un bout de bois détordu et redressé,

une sève des couleurs qui ravivent.

Je dois faire taire,

tous les mots du mal appris,

je désire un verbe nouveau sur ma bouche,

le bleu d'azur du Zéphyr.

Vous me connaissez dans l'apparence dont je dispose,

vous me rencontrerez sans doute, 

dans ce que je porte de mieux en moi.

 

Je te rejoins dans les coulisses,

sans mise en scène,

costumes rangés,

perruques déposées,

fards retirés.

Oui.

Je suis bel et bien une va nu-pieds,

une mendiante de liberté,

une tzigane de bonne aventure,

une balayeuse des poussières du quotidien,

une nettoyeuse des toiles d'araignées.

Je suis équilibriste sur le fil ténu du noir et du blanc,

comme les doigts sur les touches d'un piano,

accord des blanches et des noires,

avec l'acuité du chef d'orchestre.

 

Je suis cette chaloupe à naviguer,

dans toutes ma diversité,

le silence coud mes possibilités.

Sur les branches,

difficile de me poser,

dans les éclairs, je ne sais pas danser.

Je m'en vais butiner,

le long des rivières lactées,

mirage des hivers sur l'été.

 

 

 

Salamandre je suis,

du tout qui se ravive,

que rien ne retient.

Sang sans détours,

méandres de mon eau,

esprit de partance,

de transparence,

sur une berge fertile.

 

 

Je ne sais plus nager...

pourtant, c'est la nuit qui nous embrasse de ses baisers,

qui nous empêche de nous noyer,

c'est la nuit qui se retourne,

qui nous tourne

et qui revient sur nos boulevards.

C'est difficile,

de méditer droit,

dans ce qui tourne de travers.

Les verbes de ma sphère,

dans ma tête,

courent les phrases éphémères.

Serais-je à ce point révolutionnaire?

trop entière?

Pas facile,

de tenir son esprit ouvert,

dans le tumulte de la matière.

 

 

oh compagnon... 

on mourra pour de bon...

oh compagnon...

le sable et la lune n'ont jamais changés...

mais le désert de la lune

 notre souffle, il vient nous le retirer...

Les petits bateaux sont toujours là,

et le Ciel ne s'arrêtera pas.

 

Puisque ce monde a le vertige...

Puisque rien ne peut s'oublier...

 nous sommes rien que nous dans notre caravane,

nous sommes les papillons sur nos doigts,

comme leurs ailes de liberté...

L'effet papillon ?

te souviens tu?

Personne ne retiendra jamais nos noms,

car le monde, lui, continue à changer,

se transformer,

 

 

"Que voulez-vous la porte était gardée,

que voulez-vous nous étions enfermés,

que voulez-vous la rue était barrée,

que voulez-vous la rue était matée,

que voulez-vous elle était affamée,

que voulez-vous nous étions désarmés,

que voulez-vous la nuit était tombée,

que voulez-vous nous nous sommes aimés."

Paul Eluard

 

Si tu m'aimes,

comme je t'aime,

c'est le vent qui nous fera marcher,

on enjambera  le passage,

dis moi?

 

 

Comme quoi on peu croire encore,

sous l'odeur de notre cigarette,

que tout peut arriver un matin....

Tous les bateaux vont sur l'eau...

et je continue à fumer le bleu de l'Océan....

Je ne resterai pas trop tard...

je ne suis qu'un gribouillis,

qui n'a pas envie de partir loin dans la nuit...

Et après tout?

pourquoi devrais je m'échapper si vite?

 

 

Et je marche jusqu'au bout de la Terre,

je marche tout droit, 

Un orgue de barbarie dans mon esprit,

m'empêche de me taire.

 

 

Pourquoi voudrais tu,

que je crois encore en toi?

Tu vois...

J'ai protégé mes yeux de tes éclaboussements...

 

Je reste une femme,

Dans mes rêves,

vogue l'amour espéré,

ce grand arbre à rejoindre,

chacune de ses feuilles à me caresser.

C'est un peu de soleil...

fondu ce matin,

pourvu qu'il ait l'ivresse,

d'avoir le parfum d'un lys,

dans la musique d'ici, si silencieuse...

comme j'aimerais rester un oiseau...

sur la route du beau...

 il n'y a jamais d'adieu,

si un jour nous n'avons plus de chemises ici,

nous garderons toujours sur nos lèvres,

nos déchirures,

bien plus que tout nos baisers.